La naissance d’une passion
J’ai grandi à Amiens, à deux pas d’une piscine. Avec mon frère, on y passait tous nos week-ends. L’eau est devenue très vite plus qu’un lieu : c’était notre refuge. Un jour, un maître-nageur m’a tendu une bouée pour me laisser entrer dans le grand bassin. Un geste simple… mais pour la petite fille que j’étais, c’était une porte qui s’ouvrait. À 12 ans, j’intègre le pôle espoir : deux séances par jour. C’était rude, mais j’aimais cette exigence. Et devant la télévision, en regardant les Championnats d’Europe, je me disais : « Un jour, j’y serai. »
L’eau, un refuge vital
Dans l’eau, je me sens légère. Je me sens apaisée. Je retrouve la sensation que tout est possible. C’est à la fois mon terrain de jeu, et mon centre.
La bascule au décès de mon frère
Et puis… tout a basculé. Un matin, j’ai appris la mort de mon frère. Le monde s’est effondré. Alors j’ai nagé. Nagé encore. Pour tenir, pour ne pas penser et pour ne pas sombrer. Mais nager ne suffisait plus. J’ai compris que je devais apprendre à travailler autrement : à muscler mon mental. C’est à ce moment-là que j’ai commencé la psychanalyse.
Que j’ai découvert l’importance de parler, de déposer ce qui pesait trop lourd.
Un travail intérieur pour se reconstruire
Parler, pour moi, c’est comme s’offrir un massage intérieur. Ça libère, ça ouvre des possibles, ça apporte de la clarté. Il n’y a aucune honte à se faire accompagner. Ça m’a aidée à comprendre mes peurs, mes angoisses, et même à corriger des détails dans ma nage. Ça m’a appris à accepter, à traverser la douleur sans me laisser engloutir. P Petit à petit, j’ai repris confiance. Le mental, c’est comme un muscle, ça s’entretient. Et parfois, quand ça ne va pas, je me recentre, j’inspire, je fais le « Gros ventre »… et le calme revient.
Les victoires, plus fortes après l’épreuve !
Ce travail intérieur a vraiment changé ma carrière. Si je n’avais pas fait l’effort de parler, je n’en serai pas là où je suis aujourd’hui. Et quelques mois seulement après le décès de mon frère, je devenais championne d’Europe. La médaille la plus dure… mais aussi la plus symbolique. Deux ans plus tard, j’ai remporté la même médaille. Mais cette fois avec plus de sérénité. La preuve que malgré les épreuves, on peut revenir, différent… et plus fort.
Le mot de la fin : tout passe
Tout fini par passer. Les joies comme les peines. On est tous amené un jour ou un autre à traverser un moment difficile, et parler… dévoiler sa vulnérabilité, ce n’est pas une honte, bien au contraire, c’est s’offrir la chance d’avancer plus fort. Alors oui, parler ! À un proche, à un pharmacien, un médecin… Parler, c ‘est se faire un cadeau, c’est déposer un poids, c’est déjà commencer à guérir. Le premier pas est difficile, mais le deuxième est déjà plus léger.