La dépression se caractérise par une tristesse, un ralentissement, une perte d’intérêt ou de plaisir, des sentiments de culpabilité ou de dévalorisation de soi, un sommeil ou un appétit perturbé, une certaine fatigue et des problèmes de concentration. La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié en 2017 des recommandations pour aider les médecins généralistes à mieux comprendre cette pathologie et ainsi proposer une prise en charge plus adaptée à chacun.
Quels sont les symptômes de la dépression ?
Le diagnostic répond à des critères très précis fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Association américaine de psychiatrie (DSM-IV). Il existe neuf symptômes caractéristiques de la dépression.
Pour que le diagnostic de dépression puisse être posé, le patient doit en présenter au moins cinq, presque tous les jours depuis au moins deux semaines, dont obligatoirement l’un des deux premiers de la liste :
- Une humeur dépressive continuelle (tristesse quasi permanente)
- Une perte d’intérêt et du plaisir à l’égard des activités quotidiennes, même celles habituellement plaisantes (anhédonie)
- Un trouble de l’appétit (augmentation ou réduction), souvent associé à une prise ou perte de poids d’au moins 5%
- Des troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie)
- Un ralentissement psychomoteur ou une agitation
- Une fatigue (asthénie), souvent dès le matin
- Un sentiment de dévalorisation et de culpabilité excessif ou inapproprié
- Des difficultés attentionnelles, de concentration et de mémorisation
- Des idées de mort ou de suicide récurrentes, le sentiment que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue.
« Pour les patients qui présentent entre 5 et 7 symptômes, la dépression est considérée comme légère à modérée. A partir de 8 et plus, elle est dite sévère. »

Des échelles d’auto-évaluation ou d’hétéroévaluation (évaluation par le médecin) permettent d’évaluer plus précisément la sévérité de ces symptômes. Il s’agit de l’échelle de dépression de Hamilton (HDRS)1 ou de l’échelle de dépression de Montgomery et Asberg (MADRS)5.
En France, 64% des dépressions sont des dépressions légères à modérées. La prise en charge de manière adaptée d’une dépression nécessite un diagnostic précis.
Quels facteurs favorisent la dépression ?
La dépression est une maladie multifactorielle impliquant des facteurs héréditaires et environnementaux2.
Les facteurs héréditaires de la dépression
Selon des analyses génétiques réalisées auprès de plusieurs familles et de jumeaux, l’hérédité de la dépression serait d’environ 40%3 . Kendler et ses collaborateurs ont confirmé que les facteurs génétiques, indépendamment des traits de personnalité (anxieux, pessimistes), entraient en jeu dans l’émergence de cette maladie psychiatrique8 au sein d’une population de jumeaux. Il n’y a pas de gène majeur déterminant la dépression mais plutôt des gènes mineurs augmentant la probabilité de l’apparition de la maladie. Actuellement, des équipes de recherche tentent de déterminer quelles associations de gènes sont susceptibles d’augmenter la sensibilité de l’individu aux événements stressants rencontrés au cours de la vie.
Facteurs environnementaux : dérégulation de l’axe HPA
Le stress est un facteur important favorisant la dépression. L’axe hypothalamo-hypophysosurrénalien (HPA) est le système neuroendocrinien permettant à l’organisme de faire face au stress par une réponse physiologique adaptée.
Lors d’un stress aigu, une cascade moléculaire se met en place le long de cet axe, aboutissant, entre-autre, à la sécrétion d’adrénaline et de cortisol. Cette dernière hormone joue un rôle de contrôle, permettant un retour à la normal du système et un arrêt de cette sensation de stress4.
Toutefois lors d’un stress chronique, des anomalies de la régulation de la réponse au stress associées à des effets néfastes d’une trop grande quantité de cortisol sur les neurones de l’hippocampe (région du cerveau impliquée dans la cognition et les émotions), peuvent entraîner des modifications psychologiques et comportementales, favorisant un état dépressif .
Quelles solutions pour traiter la dépression ?
La dépression légère à modérée se traite essentiellement par un accompagnement psychologique et une modification des règles de vie. Des solutions de phytothérapie peuvent également accompagner.
Être à l’écoute de ses rythmes
Le fonctionnement de l’organisme est soumis à un rythme biologique, calé sur un cycle d’une journée de 24 heures. Ce rythme régule la plupart de nos fonctions biologiques et comportementales.
Le grand régulateur externe est le soleil. Il peut être conseillé de se lever plus tôt à heure fixe et si possible d’avoir des contacts sociaux précoces comme par exemple en prenant un petit déjeuner en famille.
Il est essentiel de s’exposer à la lumière du jour dès le matin et d’éviter de rester dans l’obscurité.
Il est recommandé de faire de l’exercice aérobie au moins 30 minutes en plein air.
Adopter une alimentation variée et équilibrée
Une étude6 réalisée par des chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Montpellier a mis en évidence qu’une alimentation riche en sucres raffinés, en graisses saturées, pro inflammatoire, l’alimentation dite ultra transformée augmente le risque de dépression et, à l’inverse, une alimentation saine diminue la dépression. Il est important aussi de s’assurer d’un apport régulier en légumes fruits, huiles végétales et protéines.
Les omégas 3, qui font partie des acides gras dits polyinsaturés sont connus pour avoir un effet protecteur non seulement sur le système cardiovasculaire mais également sur le cerveau.
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Miser sur la méditation
La méditation permet d’avoir du recul, un meilleur équilibre émotionnel, une meilleure lucidité sur soi-même.
Des études ont notamment démontré l’intérêt de la méditation pour protéger les patients d’une éventuelle rechute. Il s’agit d’un protocole de 8 semaines qui s’appelle MBSR (réduction du stress basé sur la pleine conscience) ou MBCT (thérapie cognitive basée sur la pleine conscience).
Capitaliser sur les propriétés des plantes
En complément d’une amélioration des habitudes de vie, des plantes comme la rhodiole ou le safran ont démontré leur intérêt dans le cadre d’une dépression légère à modérée.
- Le safran, plante de la dépression légère à modérée
Le safran est une plante orientale utilisée depuis des milliers d’années comme assaisonnement, parfum, teinture et médicament dont on extrait les stigmates (partie du pistil).
Neuroprotecteur : effet sur le déclin cognitif notamment chez des sujets à risque de maladies neurodégénératives (Alzheimer…)
Le safran est particulièrement indiquée pour :
- Dépression légère à modérée
- Troubles cognitifs de la personne âgée

- La rhodiole, plante anxiolytique et antidépressive
Anxiolytique et antidépressive :
- Maintien du cortisol dans des valeurs physiologiques
- Bloque la destruction de la sérotonine et de la dopamine, hormones de la motivation et du bien-être
La rhodiole est particulièrement indiquée pour :
- les troubles de l’adaptation avec anxiété
- la dépression légère à modérée

Une étude publiée7 a notamment démontré l’intérêt de ces deux plantes dans la prise en charge des dépressions légères à modérées avec une diminution significative des symptômes chez des patients en dépression modérée (diminution de 47% du score dépression HAD et diminution de 31 % du score anxiété HAD).